Quelques groupes et lieux de conflits : la politique d'intégration en milieu scolaire
Aujourd’hui, dans les milieux entendants de l’enseignement et de l’éducation, le mot
intégration est très à la mode. L’intégration des enfants sourds en milieu scolaire est
fondée sur l’idée qu’il suffit de mettre en contact des sourds et des entendants pour que
les premiers s’intègrent aux seconds. Or, dans la pratique, il semble que cela ne soit
pas si évident et que les dirigeants confondent intégration physique et sociale. Dans les
écoles où les sourds sont nombreux, ils ont tendance à rester entre eux et les
“nouveaux” à chercher le contact avec les “plus vieux”. Quand un tel clivage se
produit, les professeurs ont vite tendance à penser que la solution serait que les sourds
apprennent à parler, un peu comme n’importe quel étranger qui arriverait dans un
nouveau pays. Pour les Sourds et leurs défenseurs, *c’est Milan qui continue, enrobé de
bons sentiments et du vocabulaire à la mode* (ibid, p. 124). A leurs yeux, cette pratique
n’est pas une politique d’intégration, mais plutôt d’immersion. Ils ont également le
sentiment que les pouvoirs publics leur dénient leur appartenance à un ensemble
collectif.
Avec de tels exemples de vécu, il n’est pas difficile de comprendre que les Sourds
perçoivent leur rapport aux entendants comme un rapport de pouvoir, puisque ce sont
eux qui prennent les décisions et qui gèrent la vie des sourds. Ces derniers font alors
preuve d’une méfiance résignée (Yves Delaporte) et il ne serait pas rare de les entendre
dire “De toute façon, avec les entendants, ça n’est pas la peine de protester. Jamais ils ne pourront comprendre les sourds. Ça ne sert à rien. Ça n’est pas la peine. C’est inutile.”
Source : Umiker V. (2007), L'implant cochléaire : sa divergence est-elle toujours d'actualité ? Genève: Institut d'études sociales
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