Une culture, une identité
Aujourd’hui encore, les aspects collectifs de la surdi-mutité portent des séquelles du Congrès de Milan. Par exemple, en France, en province, l’interdiction de la langue des signes a été beaucoup plus respectée et contrôlée plus sévèrement que dans les grandes villes. De ce fait, beaucoup de sourds âgés parlent une langue dégradée, mêlée de production vocales peu compréhensibles (Y.Delaporte, 2002, p. 4), contrairement aux sourds des grandes villes qui ont une langue des signes plus riche et avec laquelle ils sont beaucoup plus à l’aise.
De l’avis des spécialistes, il y aurait autant de types de surdités que de sourds. L’expérience de la surdité serait individuelle. Pourtant la plupart des sourds se reconnaissent dans l’expérience des autres. Pour eux, la surdité a une dimension
collective qui a engendré une identité collective. Ce sont des personnes qui ont réussi
à transformer une déficience en un ensemble de savoirs, de représentations, de symboles, de pratiques, de rituels se transmettant de génération en génération (ibid,
3). Ils ont su créer une culture.
Depuis fort longtemps, il existe un combat entre sourds et entendants, pour savoir ce
que sont les sourds. Le coeur de cette discorde est la langue des signes. Tous ceux qui
la connaissent, la reconnaissent comme une langue, car elle a son vocabulaire, sa
structure et sa grammaire. Malheureusement, tous ceux qui ont légiféré à son sujet ne
la reconnaissent pas en tant que telle. Ils l’ont interdite, tentant ainsi de la supprimer et,
lorsqu’elle a été réhabilitée, ils ont refusé qu’elle soit étudiée pour son seul objet (Loi
Allègre, 1998). C’est pour cette raison que la plupart des Sourds ne peuvent cacher
leur rage envers les entendants, et les accusent de ne pas être capables de comprendre
ce que signifie être sourd.
Source : Umiker V. (2007), L'implant cochléaire : sa divergence est-elle toujours d'actualité ? Genève: Institut d'études sociales